Petit dictionnaire de zoologie mythique
Introduction
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Jument
En Grèce, les quatre juments du roi de Thrace Diomède se nommaient Podargos, Lampon, Xanthos et Déinos. Elles étaient attachées, par une chaîne en fer, à un râtelier de bronze, et elles ne se nourrissaient que de chair humaine, mais Héraclès s'en rendit maître en leur livrant leur propriétaire à manger. Les ayant ainsi rassasiées, il put les emmener aisément à Mycènes. Quant à Nélée et Pélias, les fils jumeaux de Poséidon, exposés à la naissance par leur mère, ils furent nourris par une jument miraculeusement envoyée par leur père. Boréas, dieu du vent du Nord, s'unit sous forme de cheval aux juments d'Érichthonios, pour engendrer des poulains si rapides que les épis de blé ne se courbaient pas sous leur sourse.
La déesse gauloise protectrice des chevaux Epona («la Cavale»), est plusieurs fois représentée sous la forme d'une jument allaitant un poulain, et on peut également la reconnaître en la jument gynécocéphale de certaines monnaies gauloises. Son homologue galloise Rhiannon paraît être également assimilée à une jument divine qui se donne à un roi, selon un mythe à rapprocher du motif indo-européen de l'hiérogamie royale rituelle qui se reconnaît tant dans l'asvamedha de l'Inde que dans l'Irlande du XIIe siècle ou la Perse achéménide. Ce mythe de souveraineté est également connu de la mythologie grecque où, pour échapper à Poséidon Hippios («Équin»), Déméter prit la forme d'une jument, mais en vain, car le dieu la retrouva et s'unit à elle en prenant l'aspect d'un cheval* : à la suite de cette aventure, elle mettra au monde le cheval Aréion et une fille appelée Déspoina «la Souveraine». L'étreinte d'une déesse et d'un cheval, ou d'un dieu et d'une jument est, comme on le voit, un mythème très répandu, et on l'a rapproché de l'épisode du «poulain pie» lancé à Amaterasu, divinité japonaise du Soleil, par le dieu de l'orage et du vent Susano.
Voir aussi Borâq, Yak.