Petit dictionnaire de zoologie mythique
Introduction
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Jaguar
Nombre de mythes d'Amérique du Sud font du jaguar -- figure centrale du bestiaire guayaki -- le propriétaire originel du feu de cuisine: la perte de celui-ci, dérobé par l'homme, condamna le jaguar à manger cru et le poussa à haïr l'humanité (ce thème d'un ancien détenteur du feu désormais condamné à manger cru se retrouve aussi en domaine finno-ougrien, où il concerne l'ours). En Bolivie, les indiens des groupes Moseten, Araona et Magdalenos nomment Mascha une divinité secondaire qui préside à la multiplication des singes et des animaux comestibles, et qui apparaît sous la forme d'un jaguar. Chez ceux du groupe Moré, Itenco Quinam est un homme-jaguar fabuleux, ce dernier illustrant probablement l'un des plus anciens mythes de création de Mésoamérique, particulièrement présent dans l'art olmèque au début du premier millénaire avant notre ère, où il représente le grand dieu de la foudre et de l'orage. Du reste, dans l'ancienne Mésoamérique en général, le Ciel nocturne étoilé était volontiers comparé à la robe tachetée d'un immense jaguar. Chez les Toba-Pilaga (Gran Chaco), le jaguar céleste bondit parfois sur la Lune pour la déchirer: les morceaux de chair qu'il détache ainsi de l'astre ensanglanté sont les météores, et son repas est heureusement interrompu à temps par les hommes qui, à Terre, mènent grand bruit. Enfin, en Colombie orientale, un mythe tatuyo du «mauvais choix» conte comment la fille qui commit l'inceste avec Lune, mal conseillée et arrivée au pays des jaguars, choisit de danser avec les plus beaux d'entre eux, qui la déchirèrent de leurs crocs, alors que seuls les jaguars laids étaient destinés à faire de bons maris. Plus généralement, les chamanes mésoaméricains sont associés au jaguar, ou supposés capables de se changer en cet animal.
Voir aussi Ocelot, Oztoteotl, Tezcatlipoca.