Vandalisme à Archei dans l'Ennedi (Tchad)
Le massif de l’Ennedi, très riche en gravures et peintures rupestres, a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial le 17 juillet 2016.
L’un de ses hauts lieux est la guelta d’Archei, célèbre pour abriter l’une des dernières faunes relictuelles de crocodiles au Sahara, et où viennent régulièrement s’abreuver des centaines de chameaux.
Dans cette zone se trouvent également des peintures rupestres, publiées pour la première fois en 1935 par Emmanuel Passemard et Henri de Saint-Floris, dans un article téléchargeable ici. Ces auteurs ont alors fait connaître au monde savant des cavaliers et chameliers « au galop volant », d’une rare élégance, et devenus célèbres depuis lors.
L’un des relevés publiés en 1935 par E. Passemard et H. de Saint-Floris.
Or cette région a été vandalisée. Notre ami Alessandro Menardi Noguera, membre de l’AARS qui en revient, nous signale que des graffiti à la peinture acrylique blanche, rouge, rose et bleue, recouvrent maintenant nombre des peintures des sites d’archei I, Archei II, et de la guelta elle-même.
Grâce au greffon DStretch pour ImageJ, il est possible d’apercevoir les anciennes images rupestres sous les inscriptions récentes, comme le montre ce montage réalisé à partir d’une d’une photo prise à Archei I par Alessandro:
De la même façon, voici ce qu’on peut voir à Archei II, sous les graffiti datés du 22 janvier 2017:
On pourra comparer l’état actuel de ce panneau avec le relevé partiel qu’en avait publié feu Jacques Choppy en 1997.
Relevé, d’après Jacques et Brigitte Choppy & Sergio et Adriana Scarpa Falce, Archeï (Ennedi, Tchad), 1997. Guide de cinq sites rupestres. Paris, Terre d’Aventure, p. 10.
Ce n’est pas la première fois que des sites classés au patrimoine mondial sont vandalisés, ainsi que l’a précédemment montré le triste exemple de l’Akukas en Libye. Cela prouve, hélas une fois de plus, qu’il ne sert à rien de militer pour un tel classement si, ensuite, l’inscription ne s’accompagne pas d’une campagne de sensibilisation efficace.
Un grand merci à Alessandro Menardi Noguera pour avoir partagé ses clichés avec les membres de l’AARS.
