Glozel enfoncé: l'origine de l'alphabet en Hongrie?

Michelangelo Naddeo soutien que l’origine de l’alphabet serait à situer en Hongrie....

L’origine de l’écriture excite toujours ceux que le regretté Martin Gardner, mort cette année, appelait les cranks. Le dernier en date voudrait que l’ancienne écriture hongroise dite rosásírás soit le plus ancien alphabet du monde. C’est en effet ce que prétend Michelangelo Naddeo, qui a publié un livre pour défendre l’idée selon laquelle cet ancien alphabet aurait évolué à partir des signes de la culture Néolithique de Vinča, puis aurait été adopté par les Phéniciens, d’où il serait passé chez les Grecs, avant de donner naissance à tous les autres alphabets.



Michelangelo Naddeo, qui ne s’encombre guère de références bibliographiques, ne s’appuie que sur des ressemblances superficielles entre signes simples, dans une ignorance souveraine des travaux des linguistes (*). Sa thèse contredit tout ce qu’on sait par ailleurs sur l’origine des écritures en général, et sur celle des « 
runes hongrois » en particulier, qui ne remontent manifestement pas avant le haut Moyen Âge, mais qu’importe: elle flatte les sentiments nationalistes, et plaît aussi beaucoup à d’aucuns Japonais qui s’intéressent fortement au hongrois (car c’est une langue agglutinante, comme le japonais). D’où ce documentaire de la chaîne de télévision japonaise NHK:



De même que dans le cas des runes véritables (qui n’ont rien à voir en réalité avec l’ancien alphabet hongrois), ce n’est pas par hasard que le renouveau d’intérêt pour cette écriture soit très apprécié des mouvements néopaïens et de l’extrême-droite, en particulier du jobbik, un parti hongrois xénophobe, ultranationaliste, antisémite, anti-Roms et tout simplement néo-nazi.

Ah oui, au fait: la page de Facebook consacrée à cette écriture est suivie par plus de 3500 personnes...

JLLQ


(*). Evidemment! Ignorer jusqu’aux bases mêmes de la science qu’ils prétendent incarner est un trait de caractère constant des cranks qui, selon Martin Gardner, se reconnaissent essentiellement aux cinq points suivants:
1 - le crank se considère comme génial,
2 - à l’en croire, tous ses collègues sont stupides,
3 - il estime être injustement rejeté et même persécuté; la preuve: les revues scientifiques refusent de le publier,
4 - il a tendance à s’en prendre aux théories et chercheurs les plus en vue,
5 - il écrit souvent dans un jargon qu’il est le seul à comprendre.

Toute ressemblance avec les
frères Bogdanov ne saurait être qu’une pure coïncidence, indépendante de ma volonté).