La fin du monde est repoussée!
Par suite d’une regrettable erreur de calcul, nous avons le regret de devoir vous annoncer que la fin du monde est repoussée.
Les prophéties apocalyptiques basées sur le calendrier maya supposé se terminer le 12-12-2012 ont fait l’objet d’innombrables livres et films qui ignorent tous un élément de base: que la mythologie maya n’évoque pas du tout la fin du monde, comme ces publications le prétendent, mais la succession de plusieurs cycles. Première erreur.
De plus, la prétendue prophétie se base sur le cycle dit tzolk’in, basé sur une année de 260 jours, alors que les Maya connaissaient aussi le cycle haab, avec une année de 365 jours, et un cycle long de 5125 ans. Or il n’y a aucune raison de privilégier a posteriori le premier de ces cycles, sauf à supposer que la multiplication des « 12 » dans la date 12-12-2012 soit un signe apocalyptique conduisant forcément à une fin du monde ce jour-là… au douzième coup de minuit bien entendu!
Ensuite, la civilisation maya n’est qu’une parmi des dizaines de « grandes » civilisations qui se sont succédé en divers lieux du globe au cours des millénaires, et rien n’indique que son calendrier puisse avoir une valeur prophétique supérieure à celle (nulle) de n’importe quelle autre comput (par exemple japonais, chinois ou hindou). C’est là une deuxième erreur, alimentée par une croyance actuellement répandue et sans fondement: que les civilisations anciennes auraient disposé d’un savoir dépassant le nôtre, et d’une sagesse bien supérieure.
Mais il est un autre aspect de la question qui vient de recevoir un éclairage scientifique entièrement nouveau.
En effet, dans le second volume d’une somme sur l’histoire des calendriers, qui vient de paraître (en octobre 2010) sous le titre Calenders and Years: Astronomy and Time in the Ancient and Medieval World, se trouve un article de Gerardo Aldana, professeur à l’University of California qui démontre que le procédé usuellement utilisé par les spécialistes pour effectuer la conversion des dates du calendrier maya vers le nôtre comporte une erreur d’environ d’une cinquantaine d’années. Les calculs réalisés pour passer du calendrier maya au calendrier grégorien s’appuient sur un système utilisant la « constante GMT », dénommée à partir des initiales de trois spécialistes de ces questions (Joseph Goodman, Juan Martinez-Hernandez et J. Eric S. Thompson). Cette constante hypothétique a naguère reçu l’appui des recherches d’un épigraphiste mayaniste américain, Floyd Lounsbury, qui a pensé pouvoir la vérifier par l’étude du codex de Dresde, un almanach-calendrier qui donne des dates associées à Venus. Or l’article de Gerardo Aldana réfute cette vérification, ce qui fait que c’est toute la chronologie maya qui est maintenant à revoir.
Ce qui signifie du coup que, du point de vue strictement Maya, la date du 12-12-2012 ne signifie absolument plus rien...
... et que pour la fin du monde, désolé, mais il va donc falloir attendre encore.
JLLQ