Des chevaux domestiques en Arabie il y a 9000 ans?
Des vestiges appartenant à une civilisation inconnue ont été découverts par hasard dans la vallée sèche d’al-Maqar entre Tathleet et le Wadi al-Dawaser, à une quarantaine de kilomètres de la ville de Gayirah dans la province de Tathleeet.
Parmi les objets mis au jour se trouvent des têtes de flèche, du matériel de tissage (poulies de pierre, poids de métier) et des meules dormantes, mais surtout des statues figurant des animaux: chèvre, chien slugi, faucon et cheval.
Si les dates avancées pour cette « civilisation d’al-Maqar » (حضارة المقر) sont correctes, elles vont provoquer une petite révolution dans le monde de l’archéologie et de l’histoire de la domestication. En effet, le site comprendrait notamment une nécropole de chevaux domestiques. À une date aussi ancienne, cela est très surprenant, puisque les plus anciens indices connus de domestication de cet animal sont réputés ne remonter qu’au milieu du IVe millénaire avant l’ère commune. Mais il y a mieux: parmi les statues découvertes, plusieurs représentent justement des chevaux. Et l’une de ces statues mesure près d’un mètre de long, ce qui en ferait la plus ancienne connue dans ce type de dimension.
Dans les environs immédiats se trouvent aussi des gravures rupestres piquetées, à patine absolue, représentant des ibex, des autruches et une image schématique ressemblant fortement à un cavalier. En mars dernier, une première expertise a été conduite sur le terrain par une équipe internationale dirigée par le professeur ’Ali Ibn Ibrahīm al-Ghaban. Quatre échantillons d’os brûlé ont été prélevés pour analyse, et les dates obtenues vont de 7700±50 BP à 8000±50 BP, soit en gros entre 6500 et 7000 avant l’ère commune (après calibration).
Pourtant, si de nombreux médias se sont enthousiasmés pour cette découverte, en annonçant que le cheval aurait été domestiqué dès cette époque en Arabie (par ex. ici), je reste réservé: nous ne disposons pour l’instant que d’un rapport très peu détaillé, aucune publication officielle n’a encore été signalée, les statues ne montrent pas d’indice indubitable de domestication, et rien ne prouve que les ossements datés étaient bien des os de cheval (aucune analyse archéozoologique n’a été communiquée) ni même qu’ils étaient en corrélation avec les statues.
Prudence et patience restent donc de rigueur, mais (si elle est authentique) il s’agira d’une très belle découverte!
JLLQ