Des chemins d'eau pour sortir d'Afrique ?
D'immenses rivières coulant à travers le Sahara vers le nord auraient pu faciliter la dispersion hors d'Afrique des Humains anatomiquement modernes...
Reconstruction des rivières drainant le Harûj el-Aswad (HA), l'Ennedi (EM) et le Tibesti (TM).
Le triangle indique le Wâdi Behar Belama, le rectangle le Wâdi Qoqin, et l'étoile le Wâdi esh-Shâti.
Anne Osborne, géochimiste, et ses collaborateurs de l'Université de Bristol, ont pu analyser des coquilles fossiles retrouvées dans la partie libyenne (Bassin des Syrtes) de certaines de ces rivières depuis longtemps disparues, et qui pouvaient atteindre 800 kilomètres de long et jusqu'à cinq kilomètres de large: l'eau dans laquelle ces organismes ont vécu provenait en partie des volcans du Harûj el-Aswad en Libye et du Tibesti au Tchad, et ces rivières couraient vers le nord durant des épisodes humides situés dans ce que les spécialistes appellent le cinquième MIS (Marine Isotope Stage), c'est-à-dire entre 130.000 et 117.000 ans. Ainsi, loin de se présenter comme une barrière infranchissable, les étendues sahariennes situées à l'ouest du Nil auraient pu fournir aux Hommes modernes une série de corridors humides facilitant leur dispersion à partir des grands mégalacs Tchad et Fezzân.
Pour tester cette hypothèse, Anne Osborne suggère aux préhistoriens de plus particulièrement prospecter les abords des anciennes rivières "sahariennes", maintenant assez bien cartographiées...
Avis aux amateurs ! (et aux professionnels aussi, bien sûr !)
JLLQ
Source :
Osborne, Anne H., Vance, Derek, Rohling, Eelco J., Barton, Nick, Rogerson, Mike, & Fello, Nuri (2008). «A humid corridor across the Sahara for the migration of early modern humans out of Africa 120,000 years ago.» Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America 105(43): 16444-16447.