Si l'on n'en était écœuré par avance....
Encore des bêtises !
Ainsi que le disait Claude Lévi-Strauss, «si l'on n'en était écœuré par avance, rectifier des erreurs, fût-ce seulement les plus grossières, pourrait devenir un travail à plein temps» (De la fidélité au texte, 1987).
Il arrive néanmoins que ces erreurs soient si grossières que l'on ne peut résister à les dénoncer, surtout quand les médias s'en font l'écho en leur assurant une diffusion imméritée, ainsi que c'est de plus en plus souvent le cas. En voici deux exemples.
Le premier est une déclaration de Charles Dantzig sur France-Culture, dans l'émission Secret professionnel du 15 mars dernier:
«Si on veut faire des choses imaginatives, il me semble que cela n’est possible qu’en ville. La campagne produit surtout de l’identique. De l’identique tranquille, avec tout l’inquiétant que peut avoir la tranquillité. Sauf erreur, ni la campagne, ni les déserts, ni les villages ne produisent de grandes œuvres d’art. Les œuvres d’art sont le plus souvent créées dans les villes. C’est là que se rencontrent les imaginations du monde, qui créent une émulation, c’est là qu’on trouve suffisamment de variétés d’êtres humains pour admettre la gratuité de l’art.»
Vous avez bien lu: «ni la campagne, ni les déserts, ni les villages ne produisent de grandes œuvres d’art.» Autant dire que Jean Dubuffet, Jean Paulhan et Raymond Queneau se sont complètement égarés en saluant la peinture «rustique moderne» de Gaston Chaissac. En tout cas, moi, dont l'imagination est forcément limitée puisque j'habite à la campagne, je suppose que Charles Dantzig réside en ville.
Et s'agissant de déserts, le second exemple est une annonce qui vient tout juste de paraître sur la toile:
Le titre dit: «Découverte d'un site historique remontant à 8000 ans au fond du désert tunisien.»
Et le commentaire précise que: «le chercheur tunisien ’Alī Būsnīna a découvert un site historique dans l'extrême sud du désert tunisien, qui remonte au Néolithique "environ 8000 ans avant J.-C."»
On se réjouirait volontiers de cette découverte, si l'illustration de cette annonce ne représentait en réalité une gravure rupestre d'I-n-Habeteɣ dans le Mesāk libyen, gravure remontant au cinquième millénaire avant l'ère commune et non à «environ 8000 ans avant J.-C.»
Voici d'ailleurs une photo de cette gravure, que j'ai prise en 1980:
Bref, il semble bien que l'adage «publish or perish», déjà stupide en soi, soit compris par un nombre croissant d'auteurs comme «publish any rubbish or perish».
Eh bien, qu'ils crèvent!
Il arrive néanmoins que ces erreurs soient si grossières que l'on ne peut résister à les dénoncer, surtout quand les médias s'en font l'écho en leur assurant une diffusion imméritée, ainsi que c'est de plus en plus souvent le cas. En voici deux exemples.
Le premier est une déclaration de Charles Dantzig sur France-Culture, dans l'émission Secret professionnel du 15 mars dernier:
«Si on veut faire des choses imaginatives, il me semble que cela n’est possible qu’en ville. La campagne produit surtout de l’identique. De l’identique tranquille, avec tout l’inquiétant que peut avoir la tranquillité. Sauf erreur, ni la campagne, ni les déserts, ni les villages ne produisent de grandes œuvres d’art. Les œuvres d’art sont le plus souvent créées dans les villes. C’est là que se rencontrent les imaginations du monde, qui créent une émulation, c’est là qu’on trouve suffisamment de variétés d’êtres humains pour admettre la gratuité de l’art.»
Vous avez bien lu: «ni la campagne, ni les déserts, ni les villages ne produisent de grandes œuvres d’art.» Autant dire que Jean Dubuffet, Jean Paulhan et Raymond Queneau se sont complètement égarés en saluant la peinture «rustique moderne» de Gaston Chaissac. En tout cas, moi, dont l'imagination est forcément limitée puisque j'habite à la campagne, je suppose que Charles Dantzig réside en ville.
Et s'agissant de déserts, le second exemple est une annonce qui vient tout juste de paraître sur la toile:
Le titre dit: «Découverte d'un site historique remontant à 8000 ans au fond du désert tunisien.»
Et le commentaire précise que: «le chercheur tunisien ’Alī Būsnīna a découvert un site historique dans l'extrême sud du désert tunisien, qui remonte au Néolithique "environ 8000 ans avant J.-C."»
On se réjouirait volontiers de cette découverte, si l'illustration de cette annonce ne représentait en réalité une gravure rupestre d'I-n-Habeteɣ dans le Mesāk libyen, gravure remontant au cinquième millénaire avant l'ère commune et non à «environ 8000 ans avant J.-C.»
Voici d'ailleurs une photo de cette gravure, que j'ai prise en 1980:
Bref, il semble bien que l'adage «publish or perish», déjà stupide en soi, soit compris par un nombre croissant d'auteurs comme «publish any rubbish or perish».
Eh bien, qu'ils crèvent!