Arborglyphes ou Dendroglyphes ?

"Arborglyphs" est le monstre étymologique actuellement utilisé par les américains pour parler des gravures sur les écorces d'arbres, que plusieurs chercheurs étudient activement, car elles fournissent des données historiques introuvables par ailleurs. L'intérêt des dendroglyphes, pour qui s'intéresse à l'esprit des pierres, c'est que parmi ces gravures sur écorce se trouvent parfois des motifs identiques aux thématiques rupestres.

'Arborglyphs" est le monstre étymologique actuellement utilisé par les américains pour parler des gravures sur les écorces d'arbres. Selon les conventions généralement admises, la composition des néologismes scientifiques doit puiser ses racines soit dans le latin, soit dans le grec, mais pas dans les deux à la fois, et il serait donc préférable de parler de "dendroglyphes". Du reste, ce dernier mot existe depuis au moins 1918, date à laquelle il fut utilisé par l'australien Robert Etheridge (1846-1920), dans son livre The Dendroglyphs or "Carved Trees" of New South Wales (Sidney, Dept. of Mines, Memoirs of the Geological Survey of New South Wales, Ethnological Series No. 3, 1918, vii-104 p., 39 pl.). Il n'est pas sûr que Robert Etheridge soit l'inventeur du mot "dendroglyphe" mais il en donne la définition suivante: "Ce terme est très pratique pour désigner les arbres dont le tronc a été incisé, gravé ou marqué par coupure ou par tout autre procédé" (This term is a very convenient one to designate trees as a whole, the boles of which have been incised, carved, or marked by a process of cutting in some fashion or another). Même si les mots Dendroglyphes et arborglyphes sont tous deux absents des dictionnaires, la recherche de ces images bat son plein en Amérique du Nord, où quelques chercheurs se sont spécialisés dans l'étude de ceux que les bergers basques ont laissés sur l'écorce des trembles, sur une zone qui va de l'Etat de Washington au Texas, et de la Californie au Dakota. Comme ces arbres ne vivent guère plus de cent ans, les plus anciennes de ces marques ne remontent pas au-delà du XIXe siècle, mais elles n'en sont pas moins émouvantes, car elles constituent souvent la seule trace laissée par des émigrants dont le nom n'a jamais figuré sur aucun registre. Environ 20.000 de ces inscriptions ont été relevées par Jose Mallea-Olaetxe, qui enseigne l'histoire basque à l'Université du Nevada, où il a entrepris leur étude. Ce chercheur infatigable a publié un article de synthèse sur les dendroglyphes basques d'Amérique dans la revue Forest History Today (la version pdf est téléchargeable ici)

Les bergers basques prolongeaient une tradition ancienne, que Rikard Andersson préfère regrouper sous une même appellation générale en parlant des "Arbres culturellement modifiés". Il leur a consacré une thèse de doctorat (téléchargeable au format pdf ici), dans laquelle il évoque des exemples nord-amérindiens, finnois, suédois, norvégiens, australiens, etc. Ci-contre, un arbre sculpté en territoire Gitxian (Colombie britannique, d'apr. R. Andersson).

L'intérêt des dendroglyphes pour qui s'intéresse à l'esprit des pierres, c'est que parmi ces gravures sur écorce se trouvent parfois des motifs identiques aux thématiques rupestres. Le regretté Edmond Bernus avait déjà nagère attiré l'attention sur les incriptions en caractères tifinagh (servant à noter la langue des touareg) ainsi gravées sur l'écorce de certains arbres du Sahara, mais c'est vrai aussi en Nouvelle-Zélande, où certaines de ces images remontent aux environs de 1900, comme c'est le cas aux îles Chatham, ci-contre (la seconde d'après le Department of Conservation de Nouvelle-Zélande) (D'autres photos de dendroglyphes de la même île se trouvent ici et (Alexander Turnbull Library PAColl-1964-27 Kathleen Silcock Collection, publiée sur le site du magazine néo-zélandais "Heritage New Zealand").

JLLQ

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