Un doigt de créationisme
Voici la chose :
David
Lines, qui publie cette merveille, écrit qu'en la
voyant, on est pris entre plusieurs élans
contradictoires. D'une part on pense bien voir un
doigt humain, mais d'autre part on sait que les
parties molles ne se fossilisent généralement pas, et
l'on sait aussi que les hommes n'existaient pas au
Crétacé. En réponse au premier argument, l'auteur
montre qu'il existe bien des fossiles d'animaux mous,
tels des vers, ce que l'on ne contestera pas. Il
précise même que de tels fossiles se forment quand
l'organisme est enseveli très rapidement. Ce qu'il ne
se demande pas, c'est pourquoi, alors, seul un doigt
de son homme crétacéen aurait connu ce sort, et non
pas toute la main, sans même parler du reste du
corps. Pourtant, il reste persuadé que son caillou
est bien un vestige humain, et pour le prouver, il
lui a fait subir un examen aux rayons X, dont voici
le résultat :
En voyant
cette image, notre chercheur s'extasie:
"La vue
de profil --
écrit-il -- montre
des zones sombres interprétées comme les parties
intérieures, avec la moelle et les os. Elles sont de
moindre densité que celles qui les environnent et
laissent passer plus facilement les rayons X, ce qui
provoque l'assombrissement de
l'image."
Une vue de dessus nous est également livrée :
Et
l'auteur d'ajouter: "On
voit aussi sur les deux images les zones presque
noires provoquées par le
sectionnement".
Mais il a oublié de nous dire que sur la seconde
photographie, ce qu'on ne voit pas, mais alors pas du
tout, ce sont les prétendus os visibles sur la
première.
Bien sûr, on ne les voit pas pour la simple raison
qu'il n'y en n'a pas.
Il suffit de comparer les images ci-dessus avec la
radio d'une vraie main (photo ci-dessous) pour voir
que les zones d'ombre visibles sur le premier cliché
ne ressemblent aucunement aux ossements d'une main.
Une fois
de plus, on le voit, il est facile de mettre le doigt
sur les erreurs des créationnistes. Et pourtant,
celui-ci conclut selon un mode fréquent chez eux:
"Cela
nous oblige -- dit il
en effet -- à
admettre l'une de ces trois conclusions: soit les
dinosaures avaient des doigts humains, soit un
mollusque préhistorique a développé des structures
internes et externes identiques à celles d'un doigt
humain, soit les humains étaient présents durant le
Crétacé".
Ce type de raisonnement, qui pousse le lecteur à
admettre l'inadmissible, "oublie" toujours une autre
conclusion, à savoir que le document (généralement
unique) sur lequel il s'appuie est un faux, ou un jeu
de la nature. Dans le cas présent, le fait est que ce
doigt est un lusus
naturae, et pas
du tout un fossile de doigt humain.
Et s’il
peut être intéressant d’examiner un spécimen aux
rayons X, ce qu’il fallait d’abord faire ici, c’est
une expertise géologique.
Cela n'empêche pas le Creation Evidence Museum d'en
vendre des répliques en résine, répliques dont la
ressemblance avec un vrai doigt me semble avoir été
légèrement améliorée par rapport à l'original, si
j'en juge par la photo publiée (ci-dessous).
Pour
mettre la main dessus, il vous en coûtera 25
dollars.