Art préhistorique et humour involontaire
Je viens
de trouver chez un bouquiniste le catalogue de
l’exposition « L’art préhistorique en
Charente », organisée par Louis Duport à
Angoulême en 1973. On y trouve nombre de documents
intéressants, et des références pas toujours bien
faciles à trouver ailleurs. Parmi tous les objets
figurés, mon préféré est celui, provenant de
Mongaudier, qui est reproduit ci-contre. Non pas à
cause de ses qualités artistiques, certes, mais parce
que Louis Duport le définit ainsi dans son
commentaire: « Vénus acéphale et apode gravée
sur un galet ». Pour la légende accompagnant
l’image, il propose cette description: « Idole
acéphale et apode gravée et sculptée » (1).
Cette « idole » ou « Vénus » sans
tête et à laquelle manquent les jambes ne vous
rappelle-t-elle pas le merveilleux « couteau
sans lame auquel manque le manche » de
Georg Christoph
Lichtenberg?
Pour ma part, je propose de mettre la pièce de
Mongaudier de côté pour lui faire rejoindre un jour
le fameux couteau philosophique dans un futur
« Musée de l’absence » dont Roland Louvel
déplorait déjà… l’absence! (2)
(1) - Louis Duport
(1973). Exposition
"L'art préhistorique en Charente, de l'Acheuléen au
Madgalénien". Angoulême:
Société archéologique et historique de la
Charente, p. 37,
fig. 7).
(2) - Roland Louvel (1999), Une afrique sans objets:
du vide naît le rythme, Paris, L’Harmattan, p.
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