Arborglyphes ou
Dendroglyphes ?
02/08/2006 08:56 Filed in:
Actualité
"Arborglyphs"
est le monstre étymologique actuellement utilisé par
les américains pour parler des gravures sur les
écorces d'arbres, que plusieurs chercheurs étudient
activement, car elles fournissent des données
historiques introuvables par ailleurs. L'intérêt des
dendroglyphes, pour qui s'intéresse à l'esprit des
pierres, c'est que parmi ces gravures sur écorce se
trouvent parfois des motifs identiques aux
thématiques rupestres.
'Arborglyphs"
est le monstre étymologique actuellement utilisé par
les américains pour parler des gravures sur les
écorces d'arbres. Selon les conventions généralement
admises, la composition des néologismes scientifiques
doit puiser ses racines soit dans le latin, soit dans
le grec, mais pas dans les deux à la fois, et il
serait donc préférable de parler de "dendroglyphes".
Du reste, ce dernier mot existe depuis au moins 1918,
date à laquelle il fut utilisé par l'australien
Robert Etheridge (1846-1920), dans son livre
The
Dendroglyphs or "Carved Trees" of New South
Wales (Sidney,
Dept. of Mines, Memoirs of the Geological Survey of
New South Wales, Ethnological Series No. 3, 1918,
vii-104 p., 39 pl.). Il n'est pas sûr que Robert
Etheridge soit l'inventeur du mot "dendroglyphe" mais
il en donne la définition suivante: "Ce terme est
très pratique pour désigner les arbres dont le tronc
a été incisé, gravé ou marqué par coupure ou par tout
autre procédé" (This
term is a very convenient one to designate trees as a
whole, the boles of which have been incised, carved,
or marked by a process of cutting in some fashion or
another). Même si
les mots Dendroglyphes
et
arborglyphes
sont tous
deux absents des dictionnaires, la recherche de ces
images bat son plein en Amérique du Nord, où quelques
chercheurs se sont spécialisés dans l'étude de ceux
que les bergers basques ont laissés sur l'écorce des
trembles, sur une zone qui va de l'Etat de Washington
au Texas, et de la Californie au Dakota. Comme ces
arbres ne vivent guère plus de cent ans, les plus
anciennes de ces marques ne remontent pas au-delà du
XIXe siècle, mais elles n'en sont pas moins
émouvantes, car elles constituent souvent la seule
trace laissée par des émigrants dont le nom n'a
jamais figuré sur aucun registre. Environ 20.000 de
ces inscriptions ont été relevées par Jose
Mallea-Olaetxe, qui enseigne l'histoire basque à
l'Université du Nevada, où il a entrepris leur étude.
Ce chercheur infatigable a publié un article de
synthèse sur les dendroglyphes basques d'Amérique
dans la revue Forest
History Today (la
version pdf est téléchargeable
ici)
Les
bergers basques prolongeaient une tradition ancienne,
que Rikard Andersson préfère regrouper sous une même
appellation générale en parlant des "Arbres
culturellement modifiés". Il leur a consacré une
thèse de doctorat (téléchargeable au format pdf
ici), dans
laquelle il évoque des exemples nord-amérindiens,
finnois, suédois, norvégiens, australiens,
etc. Ci-contre,
un arbre sculpté en territoire Gitxian (Colombie
britannique, d'apr. R. Andersson).
L'intérêt
des dendroglyphes pour qui s'intéresse à l'esprit des
pierres, c'est que parmi ces gravures sur écorce se
trouvent parfois des motifs identiques aux
thématiques rupestres. Le regretté Edmond Bernus
avait déjà nagère attiré l'attention sur les
incriptions en caractères tifinagh (servant à noter
la langue des touareg) ainsi gravées sur l'écorce de
certains arbres du Sahara, mais c'est vrai aussi en
Nouvelle-Zélande, où certaines de ces images
remontent aux environs de 1900, comme c'est le cas
aux îles Chatham, ci-contre (la seconde d'après
le
Department of Conservation
de
Nouvelle-Zélande) (D'autres photos de dendroglyphes
de la même île se trouvent
ici et
là (Alexander
Turnbull Library PAColl-1964-27 Kathleen Silcock
Collection, publiée sur le site du magazine
néo-zélandais "Heritage
New Zealand").