Au secours, Däniken revient !
Cela fait
quarante ans que Erich Anton Paul von Däniken
raconte
les mêmes bobards, recyclant toujours le même fond
de commerce basé sur l'idée — qui n'est pas de lui
— que des extraterrestres auraient visité la terre
durant la Préhistoire et l'Antiquité, apportant
avec eux une technologie qu'ils auraient en partie
transmise aux hommes. Il compare souvent ces
visiteurs avec des colons atterrissant sous les
yeux médusés des habitants des îles du Pacifique,
lesquels réagirent en créant les
cargo cults. Pour
lui (ou du moins ceux auxquels il emprunte ses
idées), toutes les grandes religions du monde
s'expliqueraient par un cargo cult du même genre,
mais très ancien, si ancien que l'origine en
serait perdue. Pas pour lui, véritable phare de
l'humanité qui, inlassablement, révèle au monde la
vérité grâce à ses 26 livres traduits en plus de
trente langues et dont le tirage total dépasse les
60.000.000 de volumes vendus!
Toutes les balivernes qu'il raconte ont été réfutées
depuis belle lurette, le parc d'attraction qu'il
avait monté sur ses thèmes préférés a fait faillite,
et lui-même a été condamné pour fraude (il a écrit
son deuxième livre en purgeant sa peine). D'aucuns
auraient pu croire qu'il allait disparaître des
médias, comme Robert Charroux qui, en
France, a tenu à peu près la même place que lui
durant les années 1960-1970, en propageant le même
genre de théorie ethnocentriste, et ultimement,
raciste.
Erich von Däniken, dans
le film Ancient
Aliens.
Eh bien non ! Voilà que le 8 mars 2009 la chaîne
câblée History
Channel vient de
diffuser ce que l'on n'ose appeler un "documentaire"
intitulé Ancient
Aliens,
entièrement consacré aux thèses
pseudo-archéologiques ressassées par Däniken
(bonne occasion pour faire un coup éditorial en
couplant la vente du DVD de l'émission avec un
ixième tirage du livre Chariots
of the Gods,
pourtant consternant). Dans
ce film de deux heures supposé examiner
rationnellement la théorie de notre bonimenteur
pour en tester la validité, le beau rôle est en
fait donné à ce radoteur, qui expose pour la
millième fois ses obsessions, dans une ignorance
abyssale des données archéologiques factuelles et
avec une naïveté confondante (ou bien serait-ce du
cynisme?). Quand ce n'est pas lui qui intervient,
ce sont des supporters inconditionnels et tout
aussi incompétents que lui. Certes, la parole est
également donnée à quelques véritables
archéologues, histoire de faire croire à un
semblant d'objectivité, mais on ne les voit
généralement que le temps pour eux de dire
quelques phrases, et les baratineurs reprennent
bien vite toute la place: la partialité des
réalisateurs saute aux yeux.
Résultat? La stupidissime idée selon laquelle les
peintures sahariennes en style des "Têtes Rondes"
représenteraient d'anciens extraterrestres nous est
une fois de plus resservie.
Peinture rupestre
saharienne en style des "Têtes Rondes" présentée dans
le film Ancient
Aliens.
Däniken
était déjà le héros d'un autre film réalisé en 1970 à
partir de son livre Chariots
of the Gods. Pour
illustrer ses thèses idiotes, il s'y était lui-même
mis en scène dans le massif Tassilien, où on le voit
copieusement inonder une célèbre peinture rupestre
surnommée "le grand dieu" par Henri Lhote... Bien
sûr, notre vandale a pris cette appellation au pied
de la lettre, l'a rapprochée de celle de "Martiens"
également utilisée — tongue
in cheek — par
Henri Lhote pour désigner le style de ces images, et
hop ! il nous refourgue une fois de plus l'histoire
des extraterrestres pris pour des dieux... tout en
contribuant activement, par son mouillage, à la
dégradation du document original
Cliquez ici pour voir un extrait
du film Chariot of the Gods, réalisé en 1970,
et dans lequel on peut voir Erich von Däniken
vandaliser
un site à peintures rupestres de la
Tasili-n-Ajjer.