Comment lire des inscriptions disparues ?
Grâce à la fluorescence, il est possible de lire à nouveau des inscriptions antiques presque complètement disparues.
L’épigraphie
est l’une des principales sources de connaissance de
l’Antiquité, et plus de 500.000 inscriptions grecques
et latines gravées sur pierre sont connues sur le
pourtour méditerranéen. Malheureusement, nombre
d’entre elles sont devenues illisibles, par suite de
l’érosion. L’emploi de la photographie en lumière
rasante et de divers scanners permettent d’améliorer
un peu les choses, mais nombre de textes “résistent”
encore. Or l’imagerie par fluorescence permet de
rendre visible des traces infimes d’éléments divers,
en particulier ceux qui résultent du processus de
gravure des textes, ou bien des restes de peintures
désormais invisibles à l’œil. Généralement, les
inscriptions romaines étaient gravées puis peintes,
le plus souvent en rouge, mais cette teinte a très
généralement disparu. Quand, de plus, l’érosion a été
importante, on ne peut même plus lire la gravure.
Ainsi de cette inscription latine, gravée sur marbre,
conservée à la Butler Library (Columbia University),
et qui provient de la Porta Solaria à Rome :
Or
l’analyse spectrale montre que la partie gravée de
cet objet comporte des traces de fer, zinc, plomb et
cuivre en quantité plus importante que sur les
parties non gravées. Ceci apparaît bien sur le
graphique ci-dessous, où le trait noir correspond à
une partie non gravée, tandis que le trait gris
concerne une partie gravée. Il y a plus de fer, de
cuivre et de zinc dans la partie gravée, qui en
revanche montre moins de calcium :
Ceci
permet d’obtenir, par fluorescence, les images
suivantes, sur lesquelles des lettres complètement
disparues réapparaissent comme par enchantement :
Dans
certains cas, il devient possible de lire des
passages autrement inaccessibles :
Pour
l’instant, la technique nécessite un matériel
important, qui impose de travailler en laboratoire.
Mais ne pourrait-on espérer que des versions allégées
de cet appareillage permettent un jour une
application sur les sites d’art rupestre?
Source: J. Powers et al., 2005. Zeitzchrift
für Papyrologie and Epigraphic
152:
221-227.