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Comment lire des inscriptions disparues ?

Grâce à la fluorescence, il est possible de lire à nouveau des inscriptions antiques presque complètement disparues.

L’épigraphie est l’une des principales sources de connaissance de l’Antiquité, et plus de 500.000 inscriptions grecques et latines gravées sur pierre sont connues sur le pourtour méditerranéen. Malheureusement, nombre d’entre elles sont devenues illisibles, par suite de l’érosion. L’emploi de la photographie en lumière rasante et de divers scanners permettent d’améliorer un peu les choses, mais nombre de textes “résistent” encore. Or l’imagerie par fluorescence permet de rendre visible des traces infimes d’éléments divers, en particulier ceux qui résultent du processus de gravure des textes, ou bien des restes de peintures désormais invisibles à l’œil. Généralement, les inscriptions romaines étaient gravées puis peintes, le plus souvent en rouge, mais cette teinte a très généralement disparu. Quand, de plus, l’érosion a été importante, on ne peut même plus lire la gravure. Ainsi de cette inscription latine, gravée sur marbre, conservée à la Butler Library (Columbia University), et qui provient de la Porta Solaria à Rome :

epigraph_01.1178976327

Or l’analyse spectrale montre que la partie gravée de cet objet comporte des traces de fer, zinc, plomb et cuivre en quantité plus importante que sur les parties non gravées. Ceci apparaît bien sur le graphique ci-dessous, où le trait noir correspond à une partie non gravée, tandis que le trait gris concerne une partie gravée. Il y a plus de fer, de cuivre et de zinc dans la partie gravée, qui en revanche montre moins de calcium :

epigraph_02.1178976358

Ceci permet d’obtenir, par fluorescence, les images suivantes, sur lesquelles des lettres complètement disparues réapparaissent comme par enchantement :

epigraph_03.1178976371

Dans certains cas, il devient possible de lire des passages autrement inaccessibles :

epigraph_04.1178976344

Pour l’instant, la technique nécessite un matériel important, qui impose de travailler en laboratoire. Mais ne pourrait-on espérer que des versions allégées de cet appareillage permettent un jour une application sur les sites d’art rupestre?
Source: J. Powers et al., 2005.
Zeitzchrift für Papyrologie and Epigraphic 152: 221-227.